Maintenant, pour tous ceux que les histoires de pécheur (houps pêcheur) n'effraient pas, voici la suite de mes histoires rocambolesques.
J'ai eu mon premier poste d'officier par chance. J'avait envoyé mon CV à toutes les entreprises
dont j'ai pu me procurer les adresses, systématiquement comme tout bon étudiant qui se respecte... Au moins 150 CV autour du monde.
Une compagnie de Montréal, Boréal Navigation, a eu un officier qui est tombé malade quelques heures avant le départ de leur navire, "le Mésange" vers le nord, et la seule personne qu'ils ont rejoint cette fin de semaine, ce fut moi. Pas leur premier choix, je peux vous l'assurer.
Alors départ vers le Grand Nord, les icebergs (familièrement les bergs ou bergy ou encore les
grolers en échelle décendante selon leurs grosseurs), les longues, longues, longues heures de travail. Dans les régions infestées de bergs, on double les quarts de travail, on doit donc effectuer 16 heures par jour au lieu de 8 et cela coupé par deux repos de 4 heures. Nous avions
des compétitions de poches... en dessus des yeux bien entendus! Même avec les radars les glaces
restent dangereuses, surtout les grolers. Ce sont des morceaux d'iceberg d'une grosseur allant de la voiture sport au dix roues dont très peu sort de l'eau. Il dérive plus rapidement que les bergs, n'est pas décelable au radar, et est difficile à voir sauf si la mer est calme et qu'il fait clair... Autant oublié ça sur la côte du Labrador. Vent, mer forte et brume sont le quotidien.
D'ailleurs un de mes amis qui a navigué sur ce même bateau, a été moins chanceux que nous et ils se sont retrouvé avec le plus gros "ice cube" que vous pouvez imaginer flottant dans le château avant. Deux millions de dommages et beaucoup de blâme pour les officiers en quart.